(Icônes du ghetto)
Série de photographies couleur
Lors d’un séjour de plusieurs mois au Mexique, j’ai acheté quotidiennement les journaux locaux qui dressent un inventaire des peurs urbaines les plus aigües: meurtres, enlèvements, cartels de drogue. Je me suis intéressée à la manière dont sont représentés les êtres frêles qui concentrent ces peurs: les gangsters de 13 ans, aussi coupables que victimes d’un système de ségrégation, d’injustice et de misère.
Les photos des petits gangsters sont réalisées par la police, puis vendues aux journaux. Les prisonniers regardent fixement l’objectif. Leur visage est parfois tuméfié, leur corps est souvent dénudé, exposé au voyeurisme d’un public fasciné. Ces images révèlent comment une société toute entière se plaît à contempler sa propre violence.
A la retouche, j’adoucis les couleurs criardes des encres du journal, je répare les pliures du papier, comme je panserais des blessures. Je veux fixer, avec dignité et respect, le visage de ceux qui ont été livrés au regard de tous par la presse, puis aussitôt oubliés, avalés par le système judiciaire, disparus dans le trou noir des prisons.
BOYZONE Mexico (Icons of the ghetto)
Series of color photographs
During a stay of several months in Mexico, I bought every day the local newspapers, which draw up an inventory of the urban fears: murders, kidnappings, drug cartels. I was interested in the way they represent the frail beings, which concentrate these fears: the 13-year-old gangsters, so guilty as the victims of a system of segregation, injustice and poverty. The photos of the small gangsters are realized by the police, then sold to newspapers.
Prisoners look fixedly at the lens. Their face is sometimes tumefied, their body is often revealed, displayed to the voyeurism of a fascinated public. These images reveal how the whole society likes to contemplate its own violence. I want to fix, with dignity and respect, the face of these being who were delivered towards all by the press, then immediately forgotten, swallowed by the judicial system, disappeared in the black hole of prisons.